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Appel à communications

Réseaux dans les mouvements transatlantiques (XIXème-XXIème siècles)
Appel à communications
Colloque international
21-22 mai 2026
Université Bretagne Sud - Lorient

 

L’océan atlantique occupe une place prépondérante dans l’histoire des mobilités humaines, qu’elles soient forcées – et l’on pensera à la traite négrière – ou volontaires, comme les vagues successives de colons puis de migrants qui se sont installés dans les Amériques le confirment.
Ainsi, dans le sillage des Migration Studies, nous nous intéresserons aux mouvements entre les continents qui bordent l’océan atlantique, à savoir l’Europe, les Amériques, l’Afrique.
Selon Frank Thistlethwaite (The Great Experiment, 1955), le mouvement migratoire est un ensemble complexe de mouvements de part et d’autre de l’Océan atlantique. Il ne faut pas voir dans les Amériques le centre du mouvement transatlantique mais un des éléments constitutifs de l’histoire européenne et africaine, phénomène que les chercheurs doivent étudier dans sa globalité.
C’est ce que ce colloque se propose d’expertiser pour la période du XIXe au XXIe siècle à travers l’expérience de la traite des esclaves, des migrants des entreponts (steerage passengers), des exilés en fuite ou bien encore des individus qui fuient un conflit.
Les mouvements migratoires peuvent faire partie en effet de stratégies familiales, communautaires, ethniques, politiques ou économiques. Ce colloque souhaite expertiser cette articulation entre les mouvements et les réseaux parce qu’elle révèle la dimension collective et organisationnelle des mobilités. Elle va par conséquent redéfinir la figure du migrant, les personnes en situation de mobilités, volontaires ou forcées.
Poussés par la misère, les répressions multiples, la quête d’un avenir meilleur, le rêve d’une nouvelle existence ou l’aventure, ceux qui ont traversé l’océan, dans un sens comme dans l’autre, ont pu le faire individuellement mais également de façon collective, et même en réseaux. C’est l’impact de ces réseaux dans l’histoire des ancrages et des mobilités autour de l’Atlantique que ce colloque veut mettre en exergue. On s’intéressera donc à la création de réseaux communautaires et aux conditions de leur mise en place : les expatriés italiens s’opposant au fascisme, les esclaves libérés cherchant refuge au Libéria, les réfugiés espagnols fuyant le franquisme… Ces groupes ont bénéficié de l’existence de réseaux pour organiser et réaliser leur déplacement. Les enjeux sont nombreux, mettant en lumière des systèmes de domination et de clandestinité, d’organisation transnationale, familiale, villageoise, paroissiale ou partisane.
Les pistes d’étude pourraient explorer davantage cette idée d’organisation partisane par exemple et l’idée que les enjeux politiques d’un pays, ses conflits, peuvent également être importés via ces réseaux dans le pays d’accueil. Liam Kennedy écrit ainsi: « Diasporas that
emerged from or were significantly shaped by violent conflicts can maintain traumatic identities, galvanised by narratives of national identity and return, which can motivate and mobilise militant activity » (Kennedy, 2022, p.198). Cette dimension partisane s’exprime par exemple dans le cadre du conflit nord-irlandais par la création d’un large soutien au Sinn Féin aux Etats-Unis via notamment NORAID en 1970, avant que la diaspora irlandaise ne s’oriente davantage vers une vision plus constitutionaliste des négociations pour la paix. Cette forme de transfert des enjeux du conflit nord-irlandais aux Etats-Unis a alors un impact sur les relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Il s’agira donc d’explorer également l’influence de ces réseaux en tant qu’acteurs diplomatiques, et leur influence sur les relations diplomatiques entre les Etats (via le prisme par exemple du concept de diaspora diplomacy).
De même, on s’intéressera aux expériences du retour, individuel et collectif, à la fois à l’échelle d’une vie ou s’il a lieu après plusieurs générations (Wyman, 1993). La question du retour dans les études migratoires connaît un essor depuis environ vingt ans (Lenoël et al, 2020). On peut donc analyser ces expériences du retour comme la continuité d’un mouvement migratoire. Cette expérience du retour peut aussi être temporaire, dans le cadre par exemple de voyages touristiques motivés par le souhait de retracer son histoire familiale (roots tourism), dont l’impact économique est important. Des communications pourront ainsi évoquer ces récits du retour, autobiographiques par exemple, ou fictionnels (Ngozi Adichie, Americanah, 2013 ; Dino Cinel, The National Integration of Italian Return Migration – 1870-1929, 1991) et la manière dont cette idée de « return migration » est protéiforme (Tsuda, 2009). Les conditions et les raisons de ces retours pourront être explorées, qu’elles relèvent de faits économiques ou d’une volonté de retrouver ses racines familiales.
Plusieurs axes sont proposés :
- rôle de la diplomatie dans les mouvements transatlantiques
- dimension transnationale des réseaux
- influence des diasporas sur les liens diplomatiques
- diasporas et maintien de l’attachement au pays
- condition de créations des réseaux transnationaux
- roots tourism / genealogy tourism
- retours individuels et collectifs
- correspondances
- système de chain migration
- représentation de l’idée de « home » / construction d’un récit national depuis l’étranger
- transferts culturels (exemples fictionnels)
Nous aurons le plaisir d’accueillir Anne Groutel, Professeure des universités en études du monde anglophone de l’Université de Rouen Normandie et Raymond Blake, Professeur d’histoire à l’Université de Regina au Canada et membre de la Royal Society of Canada, en tant que conférenciers invités.
Ce colloque est ouvert à toute proposition qui offre une nouvelle perspective sur les questions de réseaux transatlantiques. Dans le cadre de la transdisciplinarité promue par ce colloque, les propositions relevant de disciplines diverses telles que l’histoire, la géographie, les sciences politiques, l’anthropologie, la sociologie, la littérature, les arts et arts visuels, la linguistique et l’économie, sont les bienvenues. Les langues du colloque seront le français et l’anglais. Les propositions seront de 250 mots maximum et elles seront accompagnées d’une courte biographie. Elles sont à envoyer avant le 23 janvier 2026 à Marie-Christine Michaud (marie-christine.michaud@univ-ubs.fr), Nolwenn Rousvoal (nolwenn.rousvoal@univ-ubs.fr), et Taoufik Djebali (taoufik.djebali@unicaen.fr).
Bibliographie:
Alexander, June Granatir, Daily Life in Immigrant America, 1870-1920, Chicago: Ivan Dee, 2007.
Barton, Arnold (ed), Letters from the Promised Land: Swedes in America, 1840-1914, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1975.
Braun Lauren, Maddalena Mariani et Daniele Fiorentino (eds), Managing Migration in Italian and US History, Berlin: De Gruyter, 2023.
Bruneau, Michel, « Phénomène diasporique, transnationalisme, lieux et territoires » CERISCOPE Frontières, 2011.
Cinel, Dino, The National Integration of Italian Return Migration, 1870-1929, New York: Cambridge University Press, 1991.
Cole, Ernest, Migration and Return in Modern African Literature, Black Bodies in White Spaces, Rochester: University of Rochester Press, 2025.
Gabaccia Donna, Italy’s many Diasporas, Londres: UCL Press, 2000.
Glick-Schiller, Nina, Linda Basch et Cristina Blanc-Szanton, Nations Unbound: Transnational Projects, Postcolonial Predicaments, and Deterritorialized Nation-States, New York: Routledge, 1994.
Kennedy, Liam (dir), Routledge International Handbook of Diaspora Diplomacy, London: Routledge, 2022.
King, Russell and Katie Kuschminder, Handbook of Return Migration, Cheltenham: Edward Elgar Publishing, 2022.
Lenoël, Audrey, Anda David et Annalisa Maitilasso, « Regards Croisés sur la migration de retour », Émulations - Revue de sciences sociales 2020, n° 34, « Transnationaliser le retour. Vers une révision du regard sur les migrations de retour contemporaines ».
Thistlethwaite, Frank, Migration from Europe Overseas in the Nineteenth and Twentieth Centuries, in Moller, Herbert (dir), Population Movements in Modern European History, New York: MacMillan, 1964.
Tsuda, Takeyuki (dir), Diasporic Homecomings, Ethnic Return Migration in Comparative Perspective, Stanford: Stanford University Press, 2009.
Wyman, Mark, Round-Trip to America. The Immigrants Return to Europe, 1880-1930, Ithaca: Cornell University Press, 1993.

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